Donald Trump Président : le grand renversement

Donald Trump Président : le grand renversement

par Claude Nicolet

Déjouant tous les pronostics, tous les sondages, la quasi-totalité des analyses des journalistes et de l’ensemble des médias, déjouant tous les commentaires, toutes les prises de positions quasi unanimes de l’ensemble des responsables politiques et économiques, Donal Trump a gagné et devient le 45ème président des Etats-Unis d’Amérique. Déjouant toutes les prévisions, le peuple américain, souverainement a en réalité décidé de renverser la table.

Ce choix doit être respecté et surtout il doit être compris. Les jugements fondés sur une morale bon marché, faite de bons sentiments ne serviront à rien si ce n’est continuer d’être dans le déni de la réalité de la violence économique et sociale à laquelle de nombreux Américains sont confrontés ainsi que de nombreux Européens. Violences économiques et sociales qui s’accroissent à mesure que progresse le libre-échange, la marchandisation des rapports entre les individus et les Nations. Violences économique et sociales qui progressent à mesure que s’installe la domination sans partage de la globalisation financière. Violences dont sont victimes, d’abord et avant tout, les classes populaires et moyennes.

La ressemblance avec ce qui s’est passé lors du Brexit est frappante. Souvenons-nous, le Royaume-Uni devait basculer dans les affres de l’enfer. Là comme en Grande-Bretagne, le rejet du « système », de « l’establishment », est clair, net et sans appel. Il est temps également d’ouvrir les yeux sur la réalité que représentent pour les Nations en crise, l’insécurité et la violence culturelle qu’elles ressentent, l’humiliation dont elles ont le sentiment d’être victimes. Ces Nations et leurs choix, il faut les respecter, car elles veulent renouer avec les imaginaires qui sont leur carburant et les font avancer. Refuser de comprendre ces phénomènes nous conduira aux pires désillusions. Il ne s’agit pas de dire « populisme, populisme, populisme » en sautant sur sa chaise comme un cabri, mais comme hier on ne fera de politique qu’en s’appuyant sur la réalité.

Si les démocraties sont en dangers -et elles le sont- c’est que leur nature, leur essence même ont été confisquées au profit de différents systèmes qui se suffisent à eux-mêmes, au profit d’une oligarchie de plus en plus restreinte et âpre au gain. C’est la concentration des richesses entre les mains de quelques-uns, la concentration des pouvoirs au cœur de technostructures de plus en plus opaques. Cette concentration de l’argent et du pouvoir entraîne par effet mécanique une mise en oeuvre de plus en plus violente des politiques publiques puisque la démocratie se transforme en théâtre d’ombre.

Alors oui, des jours difficiles sont devant nous. Ils le seront d’autant plus que le refus de comprendre ce qui se passe, le mépris affiché de ces différentes révoltes des urnes continueront d’être la marque de fabrique de la pensée dominante. L’humiliation des individus ou des Nations, sont des moteurs puissants qui peuvent s’emballer pour donner le pire. Il faut donc comprendre, réfléchir, accepter de changer notre logiciel d’analyse du monde et de ses rapports de forces, comprendre ce qui se passe dans les profondeurs des peuples, de leurs imaginaires, de la place qu’ils réclament.

La France a tout à sa disposition pour jouer à nouveau un grand rôle dans le monde qui vient. Elle doit être fidèle à sa vocation. Elle est un trait d’union, une facilitatrice, une créatrice de dialogue, une médiatrice. Elle a tourné le dos à cette vocation conforme à son génie. Face aux dangers qui sont devant nous et plus présents que jamais, c’est dans cette direction là qu’il faut nous tourner et renouer, non pas demain mais tout de suite afin de porter un vrai projet d’Europe européenne de l’Atlantique à la Russie. Le chemin est là. Il y faut de la vision, de l’ambition et de la détermination.

Claude Nicolet

Secrétaire général adjoint de République Moderne

Président de RM Nord