Un service national pour le 21e siècle
La tribune publiée dans le numéro de Marianne du 4 mars
Il y a quelques semaines, nous lancions ici la pétition « Pour un service national obligatoire et ouvert aux deux sexes ». Aujourd’hui Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, vice-présidente de RM, et plusieurs de ses collègues députés publient dans le magazine Marianne une tribune intitulée « Un service national pour le 21e siècle».
Un service national pour le 21° siècle
Tous en conviennent aujourd’hui : la France a besoin de plus de République. Au lendemain des attentats qui ont gravement meurtri notre population tout en s’attaquant à notre identité elle-même, le constat est aveuglant. Les élections régionales qui se sont déroulées fin 2015 en portent aussi témoignage à leur manière : le déficit de République se nourrit de son invocation détournée, comme il s’alimente de doutes sur la portée réelle de la citoyenneté.
Aujourd’hui, face à des menaces externes et internes de nature différente mais qui ont toutes pour point commun la recherche d’une déstabilisation de notre pays, il est plus urgent que jamais de répondre aux à ces défis par une mesure qui soit à la hauteur des enjeux. Quoi qu’on en pense, la déchéance de la nationalité cristallise en ce moment le débat public autour de la dimension punitive du rejet de la nation. Les signataires de la présente tribune appellent à un grand projet qui soit celui d’une adhésion positive à la nation.
Ce projet, nous l’avons proposé dès le lendemain des attentats du 13 novembre par une lettre commune au Président de la République. Il s’agit de l’institution d’un nouveau service national obligatoire, universel, permettant de répondre à l’exigence de notre temps en ce qui concerne la jeunesse, celle d’une pleine et entière intégration civique.
Evitons les faux débats.
Tout d’abord l’appel au civisme de la jeunesse existe déjà, avec le service civique. Mais, sans méconnaitre les capacités d’enthousiasme et d’engagement de nombreux jeunes Français au service d’une cause d’intérêt général, nous pensons que le service civique n’est pas à la mesure des défis évoqués ci-dessus. Il ne faut pas se leurrer sur le besoin profond d’intégration qui est aujourd’hui et qui sera demain le facteur principal permettant de faire vivre la République. Nous pensons que seul un service obligatoire pour tous –filles et garçons- peut y répondre.
En second lieu, il ne s’agit pas dans notre esprit de refaire le service national tel qu’il était, mais de réinstituer avec des modalités rénovées un des socles majeur du consensus républicain, celui qui est né précisément dans les débuts de la République pour répondre aux défis de « la patrie en danger ». Le contenu de ce service national du 21° siècle peut faire l’objet de différentes propositions qu’il convient d’aborder avec un esprit d’ouverture. Néanmoins, il nous semble que sur la forme il devrait au moins, pour être efficace, faire l’objet d’un temps dédié obligatoire dans la vie des jeunes, plutôt que de mesures éparses facultatives. Quant à son contenu, il nous paraît pertinent qu’il intègre un tronc commun théorique suivi de stages pratiques à effectuer au choix dans le domaine civil – protection civile, santé, humanitaire entre autres – ou le domaine militaire sous la forme d’une formation-découverte comme elle existe déjà dans les armées pour des volontaires, pouvant déboucher sur un engagement professionnel ou dans les réserves. C’est là un schéma possible que nous sommes prêts à soumettre au débat. Ce qui compte est la réinvention d’un service national du 21° siècle, fondé sur l’idée que chacun doit quelque chose à son pays et offrant un creuset pour le brassage social ainsi que la mobilité géographique des « appelés ». A moins que cela, le repli individualiste des uns, la relégation géographique de tous, l’absence de visage concret de la « citoyenneté apprise dans les livres », ne pourront être efficacement combattus. On en mesure aujourd’hui les ravages. Il faut donc agir pour demain.
En troisième lieu, il n’est aucunement question dans notre esprit de remettre en cause l’armée professionnelle, évidemment nécessaire à la France comme elle l’est aux autres démocraties comparables. Ce nouveau service national n’a pas vocation à redonner à la France une armée mixte. Son objectif est de nature essentiellement initiatique : il s’agit de permettre à tous les jeunes de faire l’expérience concrète de l’engagement au service de leur pays, sous un angle civil ou militaire. Cela pourrait s’apparenter à l’institutionnalisation d’un « rite de passage » républicain vers l’âge adulte.
Enfin nous n’ignorons pas qu’instituer un service national pour environ 600 000 jeunes par an a un coût. Mais une réflexion sérieuse, attentive aux effets induits de l’intégration insuffisante d’une grande partie de la jeunesse, permettrait de mieux cerner l’enjeu budgétaire réel, incluant le financement du non emploi des jeunes sortis du système scolaire sans parler du coût d’une partie de la délinquance.
C’est pourquoi, désireux de poursuivre notre démarche jusqu’à son plein aboutissement, nous attendons beaucoup de la mise en place d’un groupe de travail au sein de l’Assemblée nationale, chargé de réfléchir à la meilleure traduction possible de l’impératif citoyen que représente le « service national du 21° siècle ». Car nous comprenons parfaitement qu’une réflexion sérieuse est nécessaire. Nous demandons seulement qu’elle n’abdique pas dès le départ toute ambition. Ce groupe devrait avoir pour objectif de définir les conditions d’une loi de programmation permettant d’instituer, fût-ce par étapes, ce nouveau service national apte à répondre aux défis du temps présent.
Oui, il manque aujourd’hui à la France un grand projet national. Le service national obligatoire serait un choc de citoyenneté. Pourquoi ne pas engager en ce début 2016 une démarche aussi nécessaire ?
Les premiers parlementaires signataires :
Marie-Françoise Bechtel (02), Jean-Michel Villaumé (70), Kader Arif (31), Christian Hutin (59), Paul Salen (42), Michel Pajon (93), Jean-Louis Bricout (02), Jean-René Marsac (35), Joël Giraud (05), Michel Lefait (62), Jean-Christophe Fromantin (92), Laurent Kalinowski (57), Jacques Valax (81), Hugues Fourage (85), Xavier Breton (01), Jean-Luc Reitzer (68).
Il faudrait éviter que ce service national, contrairement au service militaire obligatoire d’hier (qui ne touchait d’ailleurs que les garçons, soit la moitié des jeunes) puisse faire l’objet de dispenses d’ordre médical : compte tenu de la diversité des activités proposées, on en trouvera nécessairement certaines adaptées à chaque cas.
Se posera aussi le problème des sursis pour études, source de grandes inégalités; peut-être faudra-t-il que ce service soit obligatoirement effectué par tous au même âge, qui pourrait être celui de la fin de la scolarité obligatoire (16 ans.)
Tiens, encore Arié, celui qui est contre la pré-majorité à 16 ans mais qui rêve d’imposer de nouvelles obligations à 16 ans…
Pitoyable conservateur.
Une démarche nécessaire, courageuse et innovante. Elle sera politiquement et civilement utile, y compris pour mieux en connaître les freins qui ne manqueront pas.
Ne pas oublier :
– de prendre appui sur notre potentiel international et francophone (entre autre), permettant de (ré)activer de nombreux réseaux de coopération en vue d’un avantage mutuel évident
– de s’appuyer, en les impliquants, sur des mouvements de jeunesse qui n’attendent que cela pour développer et élargir leur contribution à la formation à la citoyenneté.
Salut et fraternité
Wilfrid Roux-Marchand, Association « Citoyenneté Active-Lorraine ».
Excellente initiative à poursuivre avec toutes les sensibilités politiques qui souhaitent défendre nos valeurs républicaines.
le service militaire manque à notre jeunesse : détection de analphabétisme, niveau scolaire, formation professionnelle, permis de conduire, état sanitaire, respect, ordre, discipline, organisation, assiduité, cohésion sociale, patriotisme, religions (tolérance). Mème chose, garçons et filles: SERVICE NATIONAL OBLIGATOIRE POUR TOUS. Lieux et encadrement militaire, formation basique militaire genre défense passive et civique. L’inventaire fait, apporter à chacun la réponse adéquate:
mise à niveau, formation, apprentissage métier, conduite, sport, etc. Durée selon les besoins de chacun, suivie de stages pratiques, civils ou militaires.
Les droits c’est bien les devoirs c’est pas mal non plu! Objectif: LA FRANCE. IL n’est pas question de faire des militaires mais des CITOYENS.
C’est à ce genre d’ânerie que l’on voit la parfaite inutilité de nos pseudo-zélites politiques : ils ne sont pas capables d’imaginer autre chose que des interdits et des obligations. Encore une obligation, donc.
Les mauvaises langues disent que cette suppression du service militaire fait parti de ce que souhaiteraient les européïstes béats euro-atlantiques, soumis aux vues de domination économiques des américains. La réunion de jeunes français, issus d’horizons géographiques et sociaux différents et de cultures étrangères, aurait permis de former le creuset dans lequel aurait pu se fondre ttes ces différences, alors qu’actuellement tout est fait pour maintenir justement ces différences et continuer à s’ignorer les uns des autres. (le quartier, pratiquement ethniquement délimité; l’école, la aussi à l’image du quartier, tout semble fait pour éviter justement ce mélange et l’assimilation dans la République).
Mais n’est-ce pas là, ce qui est recherché par les »Fédérateurs extérieurs » (Discours du 15 mai 1962 du Général de Gaulle) qui pourraient ainsi dominer un magma de peuples, de cultures, sans passé, sans avenir et encore moins d’unité culturelle, ou nationale, simplement consommateurs des biens du marché, des cerveaux décérébrés, sans personnalité, disponibles pour le »marché » et plus particulièrement le »marché » américain (en prévision du TAFTA). Nous avons bien eu récemment dans notre histoire télévisuelle des émissions dites »culturelles » qui servaient à préparer les cerveaux à se conditionner à la publicité mercantile, alors pourquoi pas à l’européïsme.
La création, dans la précipitation, des »grandes régions », de la taille d’un comté américain, ne fait-elle pas parti de ce processus, demandé par »l’Union Européenne », et qui nous ferait perdre un peu plus de ce qu’il reste de notre identité spécifique de français. Chacun dans son petit coin et s’identifiant à son comté, pardon sa région et non pas à la France, à son passé et à son histoire.
La remise en place du service militaire, ne peut que participer à la cohésion sociale dont notre pays à tant besoin. Je ne peux que vous approuver.