[Billet] Germinal, « Le Retour des Nations » Par Bruno Faure
Germinal, « Le Retour des Nations »
–
Par Bruno Faure, responsable du comité République Moderne Paris.
En évoquant leur crainte de voir Emmanuel Macron affronter à nouveau Marine Le Pen au second tour de la l’élection présidentielle de 2022, les rédacteurs de la nouvelle revue « Germinal » s’interrogent sur ce que peut faire la gauche pour éviter ce triste remake en ouverture de leur premier numéro.
« Le retour des nations », douce musique pour nos oreilles républicaines, est évoqué dès l’éditorial « Si la gauche entend porter la profonde transformation dont nos sociétés ont besoin pour sortir d’un statut quo destructeur et éviter la tentation du nationalisme identitaire, elle doit réinvestir pleinement l’ambition d’une solidarité portée par les institutions de la nation (…) La réduction des inégalités, la transformation écologique et la justice sociale ne pourront se faire sans un Etat aussi fort et stratège que démocratique ». Que voilà un problème bien posé après trente années où de renoncements en régressions, la gauche a accompagné la montée des injustices et la perte de souveraineté populaire.
Près de 300 pages d’une lecture stimulante détaillent un projet, celui de renouer avec l’histoire et l’ambition du socialisme, entendu à la fois comme une économie politique, c’est à dire une théorie du système des institutions sociales, et une théorie de la justice sociale. Dans cette perspective, on lira avec plaisir les rappels historiques de Thomas Branthôme « La nation soleil noir de la modernité » et les propositions de l’économiste Gabriel Zucman pour contrer l’évasion fiscale mondiale « Taxer les entreprises multinationales au XXIe siècle ».
Les contributeurs de ce premier Germinal nous permettent de penser que le combat contre le néolibéralisme peut produire autre chose que des déconvenues. C’est déjà beaucoup. Ils ont en plus l’élégance de le faire en donnant aussi la parole à des acteurs du mouvement des Gilets Jaunes, « Gilets jaunes, deux ans après ». Voilà qui augure bien du futur de Germinal.
Bruno Faure