Synthèse de la Rencontre RM n°4 : Quelle politique étrangère pour la France ?

Synthèse de la Rencontre RM n°4 :

 

Quelle politique étrangère

pour la France ?

 

15 Juin 2016

Par ordre d’intervention : Jean-Pierre Chevènement (Président de République Moderne), Thierry de Montbrial (Président de l’Institut Français des relations internationales), Hervé Gaymard, ( ancien ministre, député de Savoie, Les Républicains), Arnaud Montebourg (ancien ministre), Alain Dejammet (ancien représentant de la France à l’ONU), Loïc Hennekinne, (ancien ambassadeur de France à Moscou et à Rome), Gérard Bapt (député de la Haute-Garonne, PS) et Marie-Françoise Bechtel (députée de l’Aisne, vice-présidente de République Moderne).

 

« La France ne saurait être la France sans la grandeur ». C’est par cette citation du Général de Gaulle que Jean-Pierre Chevènement va ouvrir cette rencontre de République Moderne consacrée à la politique extérieure française. Sous ses dehors énigmatiques, cette phrase comporte une profondeur de sens et un éclairage particulier sur les caractéristiques des Français : « Notre peuple a besoin d’être soutenu par un dessein, par une vision où la politique extérieure tient une place centrale et où l’idée d’indépendance reste une notion maîtresse ». En a-t-elle pour autant les moyens ? En fait, « La France dispose de toute la gamme des moyens de la puissance, un réseau diplomatique parmi les plus étendus du monde, une défense qui comporte la dissuasion stratégique, c’est-à-dire l’affirmation que la France en dernier ressort dépend d’elle-même pour sa défense, une capacité de projection à l’extérieur assez rare. La France dispose aussi d’une puissance culturelle avec notamment le réseau des instituts français et une langue parlée par un grand nombre de locuteurs (sans doute un peu plus de 200 millions de locuteurs). En économie, la France occupe le cinquième ou le sixième rang mondial ». Ces atouts évoqués, Jean-Pierre Chevènement pose néanmoins une question fondamentale : « Pouvons-nous rester une Nation qui compte parmi les dix premières à l’horizon 2050 ? » Y répondre suppose au préalable de définir les grandes puissances et forces qui se profilent pour le siècle à venir: « Nous sommes engagés dans une logique de croissance lente et même de stagnation de longue durée quand d’autres pays dits émergents prennent de l’importance : la Chine devenue la deuxième économie du monde, l’Inde ou le Brésil et du fameux groupe des BRICS, mais d’autres aussi comme le Viêt Nam, l’Indonésie, les Philippines, l’Iran, la Turquie… Les Etats-Unis, pour leur part, entendent maintenir leur hégémonie et regrouper leurs alliés dans un ensemble occidentaliste. Ils confortent leur position en Asie, au Moyen-Orient, et même en Europe depuis la crise ukrainienne, ils parviennent dans le même temps à développer des formes nouvelles de pouvoir et même d’intrusion comme l’extraterritorialité de leur droit auquel nos entreprises doivent se subordonner en payant de lourdes amendes ». Nouvelles forces émergentes d’un côté, leadership raffermi de la première puissance mondiale d’un autre, cette situation confine-t-elle à un nouvel ordre mondial ou à de multiples désordres ? « Plutôt à un monde de déséquilibre : démographique – en Afrique notamment – mais aussi économique – avec une bonne quarantaine d’états faillis – et enfin sécuritaire car du Cap Vert jusqu’au Pakistan, il y a quelques milliers peut-être, quelques dizaines de milliers, de djihadistes potentiels ». Dans ce contexte, la France qui a fait triompher le modèle de l’Etat-Nation issu de la Révolution ne peut pas abdiquer ce droit d’aînesse. « Elle doit conserver sa spécificité, sa singularité historique. Nous sommes les alliés des Etats-Unis, mais être allié ne signifie pas être aligné. Refusons de nous laisser enferrer dans un match Occident contre Emergents et cherchons plutôt à rompre le cycle des humiliations et des ressentiments. Les émergents ont besoin d’une Europe forte qui serait pour eux un interlocuteur. Nous devons repenser l’Europe comme un projet à partir des Nations et faire de la Russie un partenaire stratégique. Nous devons aussi résister à l’idée du choc des civilisations, un risque à conjurer par une certaine empathie vis-à-vis des autres cultures ».

Thierry de Montbrial, Président de l’Institut Français des relations internationales, avant d’illustrer ses propos par des modèles diplomatiques ou des exemples de relations internationales, souhaite revenir aux sources. Par cette question : qu’est-ce qu’une politique étrangère ? « C’est d’abord une constance. Tocqueville soulignait déjà les difficultés dans une démocratie de concevoir la politique extérieure dans une longue durée. C’est aussi un éloignement vis-à-vis de l’idéologie. La formule de Jaurès est à cet égard éclairante : « partir du réel pour aller à l’idéal ». C’est aussi une compétence. Or, en France, malgré une administration très qualifiée, le Président de la République exerce un pouvoir souverain en matière de politique étrangère. Le pays s’expose ainsi au risque de voir un élu novice exercer des pouvoirs sans aucune expérience. Et c’est surtout un but, un noyau articulé autour de la sécurité faite d’intégrité physique – d’où la défense – et d’identité, la préservation de la langue et de la culture ». Voilà pour les principes, les prérequis, le minimum vital pour ainsi dire, reste à savoir où en est notre politique étrangère à l’aune de ces notions. « Pour reprendre un précepte de Confucius : il ne nous faut jamais laisser le désordre s’installer à nos portes. La sécurité commence par les flancs, autrement dit s’agissant de la France, l’Europe, le monde russe et tout le Golfe jusqu’à l’Afrique du Nord. Or, nous avons laissé le désordre s’installer partout depuis l’effondrement de l’Union Soviétique ». Thierry de Montbrial insiste aussi sur l’économie comme « étalon » d’une bonne politique étrangère. « Déjà en 1958, Charles de Gaulle faisait du redressement économique une condition pour peser dans les relations internationales. Aujourd’hui, ce redressement repose beaucoup sur l’avancée technologique et l’indépendance financière ».

 

Hervé Gaymard, ancien Ministre de l’économie, député de Savoie (Les Républicains), se retrouve avec Jean-Pierre Chevènement sur le primat à accorder à la politique étrangère. Il débute d’ailleurs lui aussi son exposé par une citation du Général de Gaulle : La politique étrangère c’est « la diplomatie qui l’exprime, l’armée qui la soutient et la police qui la couvre ». Encore faut-il pouvoir mener un tel projet, autrement dit respecter au préalable certaines conditions. « Il faut d’abord penser par soi-même. Dans les années 1930, la France fut suiviste. Edouard Herriot en 1932 à Londres a abdiqué toute autonomie par rapport à la Grande Bretagne. Idem au cours de la IVème République vis-à-vis des Etats-Unis malgré les débats sur le neutralisme. Il faut aussi savoir définir ses objectifs. Au fond, choisir entre ces trois postures possibles : le messianisme avec la défense des intérêts sur le modèle américain, la politique des intérêts à l’image des anglais et enfin celle de la France depuis la Révolution française à savoir un messianisme sans défense des intérêts illustré notamment par la guerre de l’Opium en 1860 où les Anglais voulaient asseoir leur puissance commerciale dans la région et les Français permettre aux congrégations de s’installer librement en Chine. Or, il faut pour notre pays définir des objectifs conformes à la vocation universelle de la France mais avec une défense bien comprise de nos intérêts ». Affirmer une autonomie, définir des objectifs, il reste naturellement la question des ressources : « Des moyens militaires, à mettre en cohérence avec la politique extérieure. Dans les années 1930, la France développait une diplomatie ambitieuse avec une stratégie militaire complètement défensive. Des moyens économiques, à développer. Bien-sûr, on trouve des puissances pauvres comme la Russie des Tsars et l’URSS mais, aujourd’hui, la question économique n’est pas subsidiaire mais centrale. Des moyens culturels à promouvoir notamment au travers de la Francophonie et de l’exception culturelle. Enfin, des moyens diplomatiques et de ce point de vue, il faut faire attention aux coups de rabot budgétaires année après année administrés aux ambassades ». Pour Hervé Gaymard, toute la difficulté va consister à mettre au diapason les ambitions françaises avec ses propres moyens, autrement dit à tenir compte des réalités : « Les reconstructeurs républicains de la fin du XIXème siècle offrent un bon exemple : au lendemain de la guerre de 1870, ils vont signer de nouvelles alliances avec les Russes, avec les Italiens et enfin avec les Anglais – alliance couronnée par l’Entente cordiale. La France sortira de l’isolement et pèsera à nouveau sur l’échiquier européen ». Mais aujourd’hui, quelle forme prendrait une politique ambitieuse et réaliste ? « Il faut sortir de cette double attitude qui alterne entre l’autoflagellation et l’arrogance. Avec une ligne de force claire : d’abord, tenir son rang comme membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, avec notamment une capacité militaire d’intervention extérieure. Ensuite, ne pas considérer l’Europe comme le truchement de notre politique étrangère. La France doit posséder une politique autonome nonobstant son engagement européen. Garder en tête quelques priorités : à une époque, au quai d’Orsay, on parlait des 3A : l’Allemagne, l’Algérie et l’Afrique. Aujourd’hui encore, ces trois sujets doivent rester de vrais sujets de préoccupation ».

Arnaud Montebourg, ancien ministre, rejoint d’une certaine manière l’avis général des précédents intervenants : la France dispose d’« une singularité à défendre », doit « tracer un chemin pour un autre équilibre du monde » où s’affirme une volonté « de médiateur, de passeur, de pont entre des intérêts géopolitiques qui auraient plutôt envie de s’affronter ». Cette singularité s’exprimerait sous plusieurs formes et sur plusieurs parties du monde : « Sur la question du Moyen-Orient, nous sommes un des rares pays occidentaux à avoir sur notre sol 5 à 6 millions de personnes qui se réclament de la culture arabo-musulmane. La France a intérêt à se positionner de façon médiatrice et toujours veiller à équilibrer ses positions. Quand le Premier Ministre Manuel Valls dit qu’il est un ami d’Israël, j’ai envie de lui répondre, avec le Général de Gaulle, que les Etats n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts et notre intérêt est d’être l’un des médiateurs pour à la fois défendre la sécurité d’Israël et assurer un avenir à un Etat palestinien ». Autre région où la France dispose d’une voix différente à faire entendre : la Russie. «Nous pourrions regarder de quelle manière les Russes ont traité leurs problèmes après l’éclatement de l’Union Soviétique. Et, pour citer Hubert Védrine, « nous aurions pu avoir pire que Poutine ». Je ressens comme beaucoup que dans l’affaire syrienne, le dialogue aurait été plus productif pour nos propres intérêts ». Au-delà de ces exemples, Arnaud Montebourg pose la question institutionnelle du « domaine réservé » du Président de la République : « Il n’y a pas de collégialité gouvernementale en matière de politique étrangère. Un ou deux hommes seuls décident avec leurs conseillers. Quant au Parlement, il est simplement associé quand les décisions ont été prises ». Et pour quel résultat ? « Depuis la non intervention française de 2003, et le droit de veto présenté par la France via Dominique de Villepin aux Nations Unies, il n’y a pas eu de positions permettant de se situer dans cette filiation politique du gaullisme mais plutôt un glissement vers l’alliance des blocs avec un alignement sur les intérêts américains ». Arnaud Montebourg défend l’idée d’un choix autonome pour la France « pour ne pas être l’obligé du G2, des Etats-Unis ou de la Chine, pour ne pas non plus se dissoudre dans l’Europe ».

 

Alain Dejammet, diplomate, ancien représentant de la France à l’ONU, commence par faire l’éloge d’une politique extérieure tendue vers la réalisation des intérêts nationaux : « Il n’y a là rien de boutiquier, rien de mercantiliste. Les intérêts nationaux peuvent incorporer la défense des valeurs et des droits de l’homme. Le problème vient de la divergence des intérêts nationaux quand 193 pays figurent autour de la table. D’où la recherche de la stabilité ». Reste à savoir comment l’obtenir. « D’un monde bipolaire, nous sommes passés à un univers apolaire, de comètes sans queue où le multilatéralisme s’installe. Alors, certes, il existe bien le Conseil de sécurité, organe capable de rétablir l’ordre, d’utiliser la force après délibération et discussion. Mais cet organe est contesté. D’abord dans sa composition : l’absence de l’Inde, du Japon ou de l’Allemagne comme membres permanents revient souvent. Parlons-en toujours mais n’y pensons pas trop. Cela ne se fera pas, la Chine ne veut pas du Japon, le Pakistan ne veut pas de l’Inde, l’Italie et l’Espagne ne veulent pas de l’Allemagne. Le danger est d’ailleurs que les Espagnols et les Italiens veuillent transformer les sièges de la France et du Royaume-Uni en siège unique pour l’Union européenne. L’affaire de l’intervention dans le Golfe en 2003 l’a illustré, les membres de l’Union Européenne ne sont pas d’accord. Le Conseil de sécurité se voit aussi contester son droit de veto. Or, il est nécessaire et utile, il donne la possibilité à un « grand » de faire valoir son mécontentement. Il vaut mieux le voir brandir son droit de veto que sortir sa dissuasion nucléaire. C’est souvent un préalable à la négociation diplomatique ». Comme garant d’une certaine forme d’équilibre et de stabilité, les Nations Unies pourraient aussi jouer un rôle économique selon Alain Dejammet : « A une certaine période, l’ONU prenait de nombreuses initiatives en la matière comme la CNUCED chargée du développement. Mais toute cette dynamique a été balayée par la puissance du libre marché. Les Français ont réagi avec l’idée d’enceintes parallèles aux Nations Unies et assez efficaces comme le G7, puis le G20 contenant malheureusement un seul pays africain. Mais il faudrait nouer des relations entre ces instances restreintes et le conseil économique et social de l’ONU pour réaliser une meilleure coordination avec un plus grand nombre de pays ».

Loïc Hennekinne, ancien ambassadeur de France à Moscou et à Rome, débute sans ambages par une confession : en matière diplomatique, « ces vingt-cinq dernières années m’ont paru calamiteuses pour la France et plus généralement pour les pays occidentaux ». En 1989, le mur de Berlin tombe, l’Allemagne se réunifie. En 1991, Boris Eltsine liquide l’URSS et, sous la pression des Chicago Boys, libéralise à mauvais escient mais, selon Loïc Hennekinne, il réalise deux choses : « La dissolution du pacte de Varsovie et l’organisation d’élections ». Or, face à cette nouvelle donne, les dirigeants de l’Ouest commirent des erreurs : « Ils se sont bercés de ce qu’André Fontaine appelait les paradigmes artificiels avec des concepts comme la fin de l’histoire de Fukuyama, le choc des civilisations de Samuel Hutington ou le nouvel ordre mondial de Bush père. En bonne logique, les Américains et les membres de l’Otan, organisation créée pour éviter la propagation du communisme en Europe de l’Ouest et dans la zone atlantique, auraient dû en finir avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et faire autre chose. Or, à partir de 1995, ils décidèrent de faire membres de l’Otan les pays situés dans l’environnement de la nouvelle Russie. Nous n’avons pas changé de logiciel, nous estimons que nous avons toujours un adversaire majeur qui est la Russie et qui mérite de se voir appliquer d’interminables sanctions ». Les occidentaux selon Loïc Hennekinne vont ensuite s’évertuer à donner à cette nouvelle donne un habillage humanitaire avec des valeurs plus ou moins confusément définies. Et de citer des exemples : « Le respect des frontières : en novembre 1990, la charte de Paris va affirmer le principe de non recours à la menace et à l’emploi de la force pour modifier le contour des frontières. Or, cette déclaration n’empêchera pas, seulement quatre mois après, le démantèlement de la Yougoslavie sous la pression de l’Allemagne et du Saint Siège. ». Autre exemple de valeurs occidentales mises en avant : les droits de l’Homme et la démocratie. « Or, de ce point de vue les occidentaux semblent ne cibler que deux pays : la Russie et l’Iran. Ce ne sont pas des démocraties parfaites mais d’une part depuis 1993 il y a des élections périodiques en Russie et d’autre part, également par la voie du scrutin, les Iraniens se sont récemment débarrassés d’Ahmadinejad. En revanche, on ne dit rien sur les exécutions en Arabie Saoudite, on décore les représentants des monarchies du Golfe, on ferme les yeux sur la violation des frontières du Yémen ». Dernière incohérence occidentale, cette fois en matière de prolifération nucléaire : « On a été extrêmement exigeants à l’égard de l’Iran mais nous n’avons rien dit aux Pakistanais et aux Indiens quand ils se sont dotés de l’arme nucléaire. Les Américains ont même signé un accord de coopération nucléaire avec eux ».

 

Gérard Bapt, député socialiste de la Haute-Garonne, revenu récemment de Syrie, va lister toute une série d’erreurs commises par la diplomatie occidentale à l’endroit de Damas. « Pour comprendre la question syrienne, il faut revenir sur la victoire d’un camp sur l’autre, sur la victoire des fondamentalistes religieux face aux nationalismes arabes libéraux ou socialistes dont Bachar el-Assad Hassad est l’un des derniers représentants, un représentant qui sur le plan des libertés individuelles n’est pas un parangon de vertus mais qui se trouve, lui et surtout son peuple, plongés dans un drame effroyable ». Cette situation, selon Gérard Bapt, découle d’une succession d’erreurs : « D’abord, on a fermé les yeux sur le fait que l’aide à un ʺprintemps arabe syrienʺ ait pu se transformer en une aide à des islamistes fondamentalistes ». Cette faute d’appréciation se double d’une méprise politique : « Comme nous l’anticipions le printemps arabe n’a pas poussé dehors le pouvoir en place en Syrie comme à l’inverse des expériences égyptienne et tunisienne. De larges portions de la société syrienne, même celles opposées à un régime dictatorial, se sont rangées du côté du régime. Et pour cause : elles connaissaient la réalité du danger. Les sunnites d’Alep et de Damas, en majorité du côté du régime, ne veulent pas de Charia. De même, les minorités chrétiennes, alaouites, druzes savent les conséquences pour elles d’un régime islamiste ». Enfin, dernière bévue : « Pourquoi avoir sous-estimé la solidité des liens d’alliance entre la Syrie, l’Iran et le Hezbollah ? Hassan Nasrallah considéra son engagement en Syrie comme ʺ existentiel ʺ ».

 

 

Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, Vice-Présidente de République Moderne, en guise de conclusion, pose la question à l’esprit de tous les précédents intervenants : « Comment retrouver cette voix singulière de la France ? Il faut d’abord, comme un préalable, s’appuyer sur des forces politiques capables de le vouloir voire tout simplement de s’y intéresser. Or, le paysage politique semble partagé entre une classe politique désireuse de se jeter dans les bras de la globalisation et de l’Amérique via l’Europe et une autre pour le moins indifférente aux questions géopolitiques. L’absence d’analyse vis-à-vis de la Chine en constitue une illustration : très peu de parlementaires y montrent un intérêt, y compris au sein du groupe d’amitié franco-chinoise. A titre d’exemple, la délégation venue de Pékin manifesta son souhait de passer des contrats avec des sous-traitants français en matière nucléaire, ils ne reçurent aucune réponse ou presque. L’indépendance en matière de politique étrangère exige imagination détermination, fermeté de la classe politique. A défaut de cela, des supposés experts « hors-sol » se chargent malheureusement de penser à leur place, de définir des doctrines le plus souvent favorables au libre-échange et aux multinationales ».