[Billet] Souveraineté du peuple et fraude électorale ?

BILLET/RM MARSEILLE. Par Cédric Matthews, président du comité d’initiative citoyenne pour une République Moderne Marseille.

Les média marseillais et nationaux nous apprennent qu’une enquête préliminaire est ouverte pour déterminer si des « manœuvres frauduleuses » ont pu avoir lieu par l’utilisation de procurations perçues de façon illégale par le camp la candidate LR (les Républicains) de Mme Vassal.

Si ces faits graves devaient se confirmer, ils représenteraient une atteinte à la démocratie qui est au fondement de notre République. Car la République c’est la forme que prend en France la démocratie pour garantir la souveraineté du peuple.  

Comme le dispose l’Article 3 de la Constitution de 1958 :

« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple, ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. »

Tricher aux élections pour faire élire des représentant du peuple qui ne sont pas légitimés par un vote sincère serait donc retirer aux citoyens marseillais une part de souveraineté.

La souveraineté ce n’est pas un grand mot, une référence abstraite et théorique. Elle est indissociable de la démocratie et se décline dans les besoins du quotidien de chacun d’entre nous comme : la souveraineté alimentaire, culturelle, énergétique, économique, numérique, celle du médicament…, elle est une part de notre vie chaque jour, chaque heure, localement, nationalement.

La souveraineté nationale et la souveraineté du peuple s’articulent avec la souveraineté des individus car sans des individus eux-mêmes capables de choisir, de décider de leur destin, il n’y a plus de démocratie. Que seraient des procurations détournées de la volonté du nom qu’elles portent, sinon un vol de souveraineté des individus en leur nom ?  

A Marseille, de par la politique d’abandon des infrastructures scolaires, la puissance publique en place a failli dans l’instruction qu’elle doit au peuple. Instruire l’ensemble des citoyens, pour participer à leur émancipation, c’est la condition pour que la démocratie puisse fonctionner. Si l’on ne veut pas que la démocratie s’exerce normalement on maintient un statut de dépendance qu’implique l’ignorance et on casse les écoles. Ce serait la base d’un système clientéliste qui se prolongerait par un trafic de procurations.     

Mme Vassal fait partie du même camp politique qui en son temps en 2007, a volé la souveraineté d’un peuple en détournant le référendum de 2005.

Usurper le résultat d’un référendum c’est renier l’article 3 de la Constitution.

S’attribuer l’exercice de la souveraineté individuelle par l’obtention de procurations dans des conditions abusives serait encore renier l’article 3 de la Constitution.

L’adoption du traité de Lisbonne au détriment du référendum de 2005, a ouvert la brèche et a fragilisé notre constitution. Elle aura facilité ce second franchissement, dans des pratiques qui semblent faire partie à présent d’une normalité d’usage. Il ne serait pas surprenant que l’on découvre dans d’autres communes, différentes déclinaisons de l’exploitation abusive de procurations.

A quoi bon, décliner le mot République dans les appellations de partis actuels alors que la coquille a été vidée de sa substance par ceux-là même qui en ont fait leur étendard ?

Il y a encore une lueur d’espoir à gauche, de réveiller, de revitaliser l’idée de souveraineté du peuple de France. Au sein d’une gauche progressiste, humaniste, évidemment pas xénophobe, qui défend l’ordre Républicain, le progrès social, la laïcité, et le « made in France ».  Cette gauche est en toutes celles et ceux qui veulent se libérer d’un pouvoir qui n’a qu’une seule finalité, celle de se perpétuer.

Ce qui se passe à Marseille n’est surement que l’arbre qui cache la forêt de pratiques qui en période normale n’auraient pas été mises au jour. Le coup de frein donné au processus électoral aura permis d’en ralentir le défilement, et à l’arrêt sur image de révéler ce qui à vitesse normale n’était pas visible.

Dans quelques jours, dans les mois et années qui viennent, voter aux élections intermédiaires et à la présidentielle, va permettre aux citoyens de s’opposer au délitement de notre constitution. Car les responsables sont identifiés dans leurs pratiques qui toucheraient à présent tous les degrés de la souveraineté : du peuple à l’individu.

La Constitution est un tout, et doit être replacée au sommet de la hiérarchie des normes si l’on veut refermer la parenthèse ouverte en 2005 et regagner pas à pas notre souveraineté.